Chapitre 13- Carambolages

 

Huram était un homme patient. Cruel, sinistre, craint à raison aussi bien par ses ennemis que par l’ensemble de la maffia turque de toute l’Ile-de-France pour son absence de pitié qui confinait, selon la rumeur, au sadisme monstrueux, mais il était patient. Mais, présentement, il se retenait de hurler contre les aléas de la technologie qui compliquaient encore leur tâche, prétendue pourtant facile. Il aurait dû se méfier : l’énorme avance versée en un temps record sur son compte off-shore pour le convaincre de rameuter ses hommes en pleine alerte anti-terroriste au cœur de Paris aurait dû lui mettre la puce à l’oreille, comme la voix synthétique et sans âme qui lui avait indiqué l’adresse dans le Marais où il devait se saisir d’un colis aux allures de bijou, et tant pis si les résidents de l’adresse mentionnée résistaient.

Le problème quand on emploie des téléphones portables comme système de communication pour ce qui s’apparente à une action commando, c’est que ces derniers sont tributaires de la qualité du réseau. C’est un détail important auquel on ne pense jamais, sauf à être militaire de carrière ou membre confirmé d’une unité d’intervention. Après tout, les réseaux mobiles fonctionnent toujours et tout le monde adhère à ce constat sans se poser de question. Sauf quand on essaie de les employer juste après une situation d’urgence et une catastrophe majeure qui a conduit à peu près tout le monde à s’en servir en même temps.

*réseau saturé*

Le smartphone jeté avec rage finit sa course contre une mauvaise sculpture de stuc décorant l’entrée de l’ancien hôtel particulier de la rue Saint-Croix de la Bretonnerie et acheva sa brève existence en petits bouts épars. Huram se tourna vers les cinq hommes qui attendaient ses ordres en hurlant :

— Vous attendez quoi ? En voiture ! Remontez la rue et trouvez-les ! Tirez à vue !

Tant pis pour la seconde équipe qui avait tenté de barrer le passage des filles quand elles avaient fui par le toit et dont il n’avait pas de nouvelles. Ils savaient ce qu’ils avaient à faire après tout. Et s’ils lui faisaient rater un quart de million d’euros, il veillerait particulièrement à leur faire regretter leur incompétence. Il hurla encore un coup vers ses hommes de main pour faire accélérer la cadence. Ils le connaissaient tous : il n’avait pas pris de bleus pour une telle expédition, d’autant qu’il voulait être certains que tous avaient déjà été accoutumés aux armes de guerre et au maniement des fusils d’assaut. Mais même ceux de ces gars qui le connaissaient le mieux le craignaient à égalité avec ses très nombreux et très actifs ennemis. Huram se moquait d’inspirer le respect et l’affirmait en s’en vantant : la peur lui suffisait pour contraindre n’importe qui à lui obéir. Mais ses menaces et ses cris colériques ne suffirent pas à améliorer la cadence de son équipe : les débris du toit gênaient la manœuvre sur la route et plusieurs véhicules, dont certains emboutis contre les trottoirs, avaient été abandonnés par leurs occupants quand les fusillades avaient commencé. Lancer les SUV à la poursuite de leur proie prit presque trois minutes.

On fait beaucoup de choses, en trois minutes.

 

***

 

Helen tourna la tête vers le fond de la rue Saint-Croix de la Bretonnerie, avant de rejoindre en trottant Calliopé et l’inspecteur Duperez qui bifurquaient d’abri en abri vers le sud de la ville, en prenant la rue Vieille du Temple, ignorant les réactions paniquées des curieux qui se retrouvaient nez à nez avec un trio aussi hétéroclite que surarmé.

— A moins d’un miracle, nous allons nous faire charger par les passagers de trois véhicules lourds dans la minute qui vient.

— Et là-bas ?

Calliopé montra un café-restaurant sur le trottoir d’en face. La rue ne manquait pas de brasseries et de commerce de bouche et cette devanture faisait l’angle avec la Rue du Trésor. Au moins, en courant s’y abriter, le trio aurait-il une chance de se perdre au fond de l’impasse et de semer des poursuivant motorisés.

Duperez intervint en grognant :

— Vous me laissez montrer ma plaque. Si on doit s’abriter, je fais évacuer les clients avant que quelqu’un prenne une balle perdue.

L’inspecteur, le souffle haletant, prit la tête pour courir vers le café concerné. Helen, largement la mieux armée, se chargeait de faire couverture tandis que Calliopé suivait Duperez. La roumaine serrait les dents, respirant trop vite et son visage, au teint à peine hâlé de coutume, avait pris une teinte cireuse sur lequel tranchait trop vivement le pourpre de ses joues enfiévrés. Elle aurait eu l’occasion de le dire, de son propre aveu, elle aurait avoué qu’elle était malade comme une chienne. Mais elle garderait cela pour le moment où, enfin, les balles cesseraient de voler et des meutes de sbires non-identifiés auraient enfin renoncé à les poursuivre.

Elle eut une intuition. Est-ce que c’était la fièvre et ses étranges effets de « déjà vus » qu’elle peut vous coller en vous chamboulant le cerveau ? Là encore, en une situation plus raisonnablement calme, elle aurait pris le temps de se poser la question. Mais pas avec au moins une dizaine de malfrats surarmés aux fesses.

Elle dressa son énorme colt Cavalry derrière elle. Helen eut juste le temps d’écarquiller les yeux. Elle tira dans la rue, vers l’angle sur la Bretonnerie. A l’instant où la balle de calibre .45 atteignait sa vélocité optimale, le premier SUV des hommes de Huram jaillissait à plein régime. Fenêtres ouvertes côté passager, un homme mettait en joue de son AKM à la recherche de sa cible : le trio.

La balle de gros calibre éclata le pneu avant côté passager qui s’éparpilla en charpies presque instantanément. A la même seconde la rafale de l’AKM vomit sa charge de balles qui ratèrent complètement leur cible. Helen vit véritablement les balles traçantes dessiner leur chemin qui ne lui laissaient aucun doute ; sans le pneu éclaté par le tir de Calliopé, elle serait morte.

L’énorme véhicule privé de roue avant-droite poursuivit une trajectoire aérienne brutale, cul par-dessus tête, pour aller planter son nez puis le reste de sa structure en vrac, dans une devanture de sandwichs et en-cas variés, mettant à mal le contrôle automobile des pilotes des deux autres SUV qui débouchaient eux aussi à l’angle de la rue, à des vitesses déraisonnables et devaient soudain négocier un virage encombré de débris volants, meublés, automobiles et alimentaires.

Mais si Calliopé restait figée de surprise, son colt toujours à bout de bras, Duperez et Helen firent le même constat immédiat : ils étaient tous en plein milieu de la rue, totalement à découvert et l’endroit allait devenir dans la seconde un champ de bataille mortel.

Incongrument, le téléphone portable d’Helen se mit à jouer la Chevauchée des Walkyries de Wagner. Pas la version classique ; mais celle avec l’écho typique d’énormes mégaphones. Immédiatement, Duperez pensa au vieux film Apocalypse Now.

— Oui ! cria-elle, avec une exclamation qui tranchait brutalement avec son flegme si impérial.

Duperez n’eut pas le temps de s’en étonner. Helen se tourna à l’opposé de la rue, et démarra en trombe, attrapant le bras de Calliopé pour l’entrainer avec elle.

A cent mètres de là, un gros véhicule utilitaire d’un rouge pétant, avec une quantité particulièrement exagéré de chevaux sous le capot fonçait droit sur le trio.

 

***

 

Karl écrasa l’accélérateur en analysant en un regard la situation dans laquelle il débouchait à une vitesse totalement déraisonnable. Au vu des compétences en pilotage de son époux, Jean-Marc, qui assistait au même spectacle, sut ce qui allait suivre et s’accrocha de toutes ses forces à son siège. L’Allemand cria, au moment où il donnait un coup de volant en actionnant le frein à main :

— Sort ta sulfateuse !

Pendant un court instant, Jean-Marc ne put s’occuper de rien d’autre que de lutter contre une masse déraisonnable de G, tandis que le véhicule faisait un remarquable et acrobatique tête à queue au frein à main. Il y eut ce petit moment de flottement et d’incertitude où l’on peut sentir que les tonnes de métal de la voiture hésitent à quitter le sol pour se lancer dans un tonneau, avant que l’engin surpuissant ne s’arrête, cul dans la direction du trio que les deux amants venaient évacuer.

Avec une rapidité d’exécution de vrai professionnel, Jean-Marc poussait la portière du pied et braquait vers les SUV noirs son fusil à pompe semi-automatique AA 12. A plus de vingt mètre, il n’allait pas faire dans la précision, mais le monstre n’était pas fait pour. Les véhicules des maffieux avaient pilé devant la manœuvre de Karl et leurs passagers s’activaient pour affronter la menace.

Jean-Marc leur en donna pour leur argent ; en un instant, il fit cracher par son monstre une volée de munitions de gros calibre qui ravagea le capot avant et le moteur du premier des SUV, dans une gerbe d’étincelles et de débris et une détonation qui, avec l’écho de la rue, sonnait comme les trompettes annonciatrices de l’Apocalypse. Il se sentait des humeurs d’Ange Gabriel fâché, cela tombait bien.

Depuis sa place passager, Huram sentit, en même temps que ses sphincters se resserrer comme rarement dans sa vie face à un tel déluge de feu, que la promesse de la prime pour mettre la main sur le bijou qu’emportait ses proies s’évanouissait brutalement.

 

***

 

— Foncez !

Helen poussa Calliopé vers la voiture de Karl et Jean-Marc tandis que derrière elles, volait du métal et des étincelles en masse, le bruit des impacts noyés par les détonations du calibre 12. Duperez n’attendit pas qu’on lui dise de courir, il cavala sur la douzaine de mètre jusqu’à la portière arrière pour s’y abriter et tendre son arme de service vers les maffieux qui mettaient en joue en s’extrayant de leurs véhicules dans le désordre.

L’intendante jeta un bref regard inquiet vers Calliopé qui courait s’abriter à son tour avant de se tourner vers les assaillants. Inspirant profondément, elle plaça son fusil d’assaut en joue et visa. Ce n’était pas un tir de couverture ; le canon cracha deux balles, et le plus imprudent des hommes de main d’Huram perdit la tête et une partie de son cou. Le temps d’une légère rotation de l’épaule, deux autres balles manquèrent leur cible de peu, mais elle poursuivait ses tirs précis, reculant savamment, tandis que Jean-Marc continuait sa dévastation au fusil à pompe sur les carlingues des véhicules, sans autre ambition que de donner envie aux malfrats surarmés de rester le plus planqués possibles.

— Helen ! Retraite !

— Couvre-moi !

Jean-Marc obtempéra sans insister, enfin, pas de suite : il savait ce que l’intendante faisait. Dès que tout le monde serait à l’abri dans la voiture, les assaillant lâcheraient un déluge de feu, qui pourrait sans mal être bien suffisant pour que leur évacuation s’arrête net dans un bain de sang. Karl venait d’ouvrir sa portière et arrosait les SUV en rafale et même Duperez achevait son second chargeur à en rajouter d’autant de balles qu’il avait en réserve.

Helen poursuivit sa manœuvre : viser, tirer deux balles, reculer, recommencer. Elle n’accélérait pas le pas, se dirigeant vers la portière arrière droite, comptabilisant maintenant deux morts et un blessé. Elle vit les tracés des balles se rapprocher et son instinct lui fit exécuter un brusque pas chassé, tandis qu’un projectile la frôla à quelques millimètres de son cou, suivi d’autres passant là où elle se tenait une fraction de seconde plus tôt. Deux autres balles placés avec précision, un troisième mort ; elle visait et tirait sans émotion, parfaitement consciente des dommages qu’elle causait et des vies qu’elle fauchait. Elle méditerait sur ces points plus tard, dans le calme : il y avait maintenant quelques décennies qu’elle avait cessé de s’infliger le décompte des humains qu’elle avait dû tuer. Sa règle éthique de ne jamais être l’initiatrice de ces moments de ravage lui rendait plus acceptable sa compétence aiguisée par le temps au meurtre.

La portière arrière apparut dans son champ de vision. Elle ajusta encore son dernier tir. La tête qu’elle visait à travers le verre fumé du pare-brise avant fut décalotté par la seconde balle. Elle ne sut jamais qu’elle venait de mettre fin aux vingt-cinq ans de brillante carrière criminelle du redouté chef maffieux turque Huram Asmadi. Quelques officiers de police d’Interpol auraient eu plaisir à la remercier, mais l’information ne serait sans doutes jamais connue de personne.

Jean-Marc acheva de vider le chargeur-tambour de son fusil à pompe et le lâcha pour se pencher vers Helen, qui tenait toujours son fusil d’assaut en joue, et la pousser contre la portière arrière :

— Ils ont leur compte, Helen ! Karl, sort-nous de là !

— Pas besoin de le dire deux fois !

Calliopé tira Helen dans l’habitacle sans ménagement, tandis que Duperez lâcha avec panique une évidence :

— Plus vite, j’ai plus de balles !

Karl fit une marche arrière à une vitesse aussi déraisonnable que sa manière de conduire coutumière et réitéra le demi-tour au frein à main, à peine plus prudemment que le dernier qu’il avait exécuté. Quant aux hommes d’Huram, ceux qui avaient conservé encore une once de présence d’esprit s’acharnaient vainement à tenter de passer un appel sur les réseaux sans fils saturés au dernier degré, tandis que les autres constataient avec effroi que parmi la masse des morts dans leurs rangs, leur cerveau gisait la boite crânienne ouverte, techniquement hors d’état de leur ordonner quoi faire. Ils tirèrent bien quelques rafales maladroites vers la voiture qui s’éloignait à toute vitesse, mais le cœur n’y était plus…

Et pour leur malheur, tandis que Karl, sous la pression insistante de Jean-Marc, reprenait un rythme de conduite plus prudent histoire de ne pas trop attirer l’attention en roulant dans les avenues de Paris pour s’éloigner du drame, les malfrats virent arriver dans la rue une ribambelle de SUV noirs banalisés plein à craquer d’hommes en tenue d’intervention du BRI, armes en main, autrement plus frais et mieux équipés. S’ils avaient trouvé jusqu’ici leur situation particulièrement compliquée, ils durent se rendre à l’évidence : ça n’allait pas s’arranger du tout.

 

***

 

— Bon, temps mort ! Dites-moi ce qui se passe, bordel ?!

Duperez tremblait salement. L’adrénaline était en train de faire son travail de sape sur son organisme et lui, qui s’était toujours prétendu calme et pondéré expérimentait les effets ravageurs de la trouille. Soit, c’était après, et pas pendant et soit, ce n’était pas la première fois de sa carrière. Mais c’était toujours aussi perturbant. Et, le plus naturellement du monde, cette peur à rebours se transformait en grosse colère, histoire de relâcher la pression.

Karl gardait les yeux sur la route, prenant les accès les plus extérieurs de Paris pour filer direction plein nord :

— Salut le flic. Nous demande pas, on est des pièces rapportées. Helen a des ennuis, on l’a su, on est arrivés aussi vite que possible. Bon, on s’attendait pas à un remake des Sept Mercenaires, je dois dire.

Calliopé interrompit l’échange avec un éternuement magistral. Elle aussi tremblait, mais de fièvre. Helen ouvrit ses bras pour l’attirer contre elle, la mine inquiète. Mais la roumaine, en reniflant rajouta :

— J’ai voulu rentrer chez moi y’a une semaine, on m’a cambriolé et depuis, c’est le délire. Je ne sais pas qui en veut à quelque chose que je devrais posséder, mais ça a l’air de valoir assez cher pour mettre une ville à feu et à sang, nous compris.

— Mais ça je le sais ! C’étaient qui ces gars armés comme des tanks ?! Pourquoi est-ce que c’est vous deux qui avez été dénoncés comme responsables de l’attaque terroriste sur le 8ème et du piratage massif ? En quoi vous êtes impliquées, merde ?!

Jean-Marc se frottait le genou, endolori quand il avait fermé brutalement sa portière en se cognant. Helen inspira longuement, et répondit les yeux mi-clos :

— Vous êtes désormais trop impliqués pour vous cacher le peu que nous savons, à priori. Néanmoins, vous expliquer la teneur de nos faibles renseignements risque de vous placer sur la sellette, eut égard à votre qualité d’officier de police. Tenez-vous à ce risque ?

Duperez fit une pause le temps de trouver un vieux paquet de kleenex qu’il fit passer vers Calliopé, avant de répondre :

— Je pourrais vous dire la pareille. Mais oui, je suis flic, comme l’a fait remarquer votre ami à l’accent allemand. Ça implique une curiosité maniaque et un devoir de comprendre les tenants et aboutissants d’un événement qui vient de faire forcément des blessés, si ce n’est pas pire. Et je ne parle pas des gars que vous avez abattus comme si vous étiez à la foire, on est d’accord.

— Certes, renchérit Helen. Alors reprenons dans l’ordre… Calliopé, vous me le permettez ?

La roumaine se moucha encore un coup :

— Au point où j’en suis…

Helen acquiesça avant de reprendre :

— Un vieux bijou datant de la spoliation des Juifs par le régime Nazi est devenu un héritage de famille de mademoiselle Meliochev, mais qui m’a été transmis en mains propres par sa mère, mon amie. Le cambriolage qui vous a finalement attiré dans toute cette affaire concernait ce bijou, ainsi qu’un enlèvement rapidement réglé par nos amis ici présents. Dans tous les cas, la recherche concernait toujours cet objet. Il était en sécurité dans un coffre bancaire d’UBS, sur le boulevard Haussmann. L’ensemble des événements, piratages informatiques compris, qui ont eu lieu aujourd’hui n’avaient qu’un seul but : subtiliser le contenu du coffre sans laisser de trace, dans la confusion généralisée que ce chaos a provoquée. L’attaque de ces hommes, que je suppose des mercenaires ou des membres vétérans de la pègre, n’était à mon avis que le dernier acte de la tentative remarquable en débauche de moyens de mettre la main sur cet objet. Qui, de toute évidence, a plus de valeur que la préservation de nos vies.

— Attendez… vous voulez me faire croire que vous ne savez pas pourquoi on a sorti le grand jeu à faire peur à un pays entier pour mettre la main sur votre truc ?

— Techniquement ? Nous pensions à son prix ou sa valeur historique. Mais ces deux aspects sont largement en dessous de l’étendue des moyens déployés pour s’en emparer. En conclusion, non, nous ne le savons pas, ce qui nous place dans une situation quelque peu gênante pour même envisager l’éventualité de négocier avec le commanditaire de ces moyens…

Calliopé rajouta, le nez pris :

— On était partis pour aller chez moi et essayer d’en savoir plus. Enfin, précisément, on pensait faire cela dans de bonnes conditions, histoire d’oublier mes récents déboires. Mais là… je sais même pas ce qu’on va faire !

— Chez vous… en Roumanie, c’est ça ?

— Ouais, c’est ça…

Jean Marc arrêta un instant de pester pour se tourner vers les passagers sur la banquette arrière :

— Laissez-moi deviner monsieur le poulet ; au fait, moi c’est Jean-Marc, autant faire ami-ami ; nos deux demoiselles sont recherchées vu que j’ai entendu passer les mots dénonciation et terrorisme ?

— Je pense qu’à l’heure qu’il est le BRI campe dans l’appartement de madame Johanssen et qu’ils ont très envie de la trouver pour qu’elle réponde à tout un tas de questions. La dénonciation ne tient pas et en deux ou trois jours les accusations seront levées… mais y’a tout le reste qui va soulever beaucoup de curiosité, je ne vous fais pas un dessin.

— Et nous, on a reçu un appel qui ne laisse aucun doute qu’en ce moment, il est de bon temps de devenir parano avec tout ce qui est en réseau parce qu’un pirate informatique avec des moyens monstres est bien décidé à ne pas lâcher la piste d’Helen et sa copine. Le même, c’est évident, qui vient de foutre le dawa dans Paris.

— Ok, donc vous ne savez rien de plus ?

Quatre têtes firent un non en cœur. Helen ne rajouta rien, fixant simplement l’inspecteur, qui soupira lourdement :

— Me voilà donc complice, et foutrement dans la merde, car je pense que vous m’avez tout dit. De toute manière, à ce stade, quelle raison de me cacher quoi que ce soit, n’est-ce pas ?

La suédoise opina :

— Il est évident que ce serait contre-productif. Nous aurions tout à gagner de vous faire part de toutes nos informations afin de nous assurer de retrouver dans les meilleurs conditions possible le cours normal de nos existences.

Duperez soupira encore. Le calme était revenu, du moins autant que c’était possible.

— Faut vous faire quitter le pays. Je vais voir si je peux trouver une adresse pour vous louer une voiture discrètement, c’est dans mes cordes. Vous savez conduire ?

Helen confirma, Calliopé aussi, entre deux éternuements.

— Bon, ce sera cela de réglé et je verrai ce que je pourrais faire pour faire perdre un peu de temps à mes collègues. J’ai une dernière question, Helen… vous avez appris à tirer et tuer où donc, bon dieu ?

Helen hésita et jeta un regard vers Jean-Marc avant de répondre :

— Disons qu’à l’instar de mes deux amis vétérans ici présents, j’ai porté l’uniforme et ce n’est de loin pas la première bataille à laquelle j’ai été mêlée…

 


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